Bonjour vous êtes les meilleurs
Bière belge, vous avez dit belge ?
Dans un précédent article, on vous parlait de bière artisanale, en essayant d’en fournir une définition. On s’apercevait alors que la tentative n’était pas aisée. Lorsqu’il s’agit de décrire une bière belge, ce n’est pas plus facile.
Qu’est-ce qu’une bière belge ?
Une bière fabriquée en Belgique. C’est un point de départ qui paraît évident. Et pourtant… Quand un beer designer comme Mikkeller fait brasser ses bières chez De Proef en Flandre Orientale, peut-on encore parler de bière belge ? Et qu’en est-il de la brasserie Saint-Feuillien qui fabrique et distribue la West Coast IPA de Green Flash pour le marché européen ? Il va sans dire qu’il n’est pas question ici de juger la qualité intrinsèque des bières dont nous faisons mention, mais plutôt de comprendre quelles sont les caractéristiques des bières belges, celles dont nous sommes si fiers et qui sont reconnues voire adulées à l’étranger.
Existe-t-il un style belge alors, une sorte de Belgian touch ?
Oui et non.
Oui, car nos artisans travaillent le sucre différemment. Certains diront que nos bières présentent généralement trop de sucre résiduel. C’est bien entendu vrai pour certaines mais pas pour toutes. Les levures jouent également un rôle important. D’ailleurs, lorsqu’un Américain propose une bière de type belge, c’est surtout à la souche de levure utilisée qu’il fait référence.
Non, parce qu’il existe plusieurs styles de bières typiquement belges : la Saison hainuyère, la Rouge des Flandres, la Blanche subtilement épicée, la Triple au taux d’alcool élevé ou encore la fameuse Gueuze assemblée à base de lambics fermentés spontanément. Rappelons si cela est encore nécessaire que Trappiste n’est pas un style. Il suffit de comparer une Westmalle Tripel, une Chimay Bleue et un Orval pour s’en rendre compte.
De toute façon, tout ça n’a pas d’importance car les bières belges sont les meilleures !
Très souvent, la discussion se termine brutalement par ce genre d’affirmation, ne laissant que peu de place au débat. Bien sûr, beaucoup de nos bières sont excellentes et savoureuses. Mais se reposer sur nos lauriers serait la plus grosses erreur que nous puissions faire. Si nous voulons que la bière belge conserve ses lettres de noblesse dans un paysage international ultra-concurrentiel, il va falloir se renouveler sans renier nos traditions. Nos brasseurs l’ont bien compris et mettent tout leur savoir-faire au service de la qualité de leurs produits. L’arrivée de nouvelles petites brasseries artisanales, un peu partout dans le pays, donne un nouveau souffle à notre économie brassicole en bousculant parfois les entreprises bien établies, obligées de se remettre en question. Attention toutefois à ne pas copier systématiquement ce qui se fait mieux autre part.
Alors, soyons fiers de nos bières mais pour de bonnes raisons, en connaissance de cause. Soutenons nos artisans trop souvent contraints à vendre une grosse partie de leur production à l’export, faute de ventes suffisantes sur notre tout petit marché saturé par une offre industrielle abondante et omniprésente. C’est en éduquant le consommateur, qui ne demande que ça, que la transition pourra se faire. L’artisanal n’est pas banal. Heureusement, en Belgique, nous avons la chance de compter parmi nous des passionnés (brasseurs, distributeurs, communicants, …) prêts à se relever les manches pour mettre en avant des bières belges authentiques, honnêtes, vraies.